Avant l'œuvre, le peintre, comme tout créateur, connaît la rêverie méditante, la rêverie qui médite sur la nature des choses. Le peintre, en effet, vit de trop près la révélation du monde par la lumière pour ne pas participer de tout son être à la naissance sans cesse renouvelée d'un univers. (...) Aussi, par la fatalité des songes primitifs, le peintre renouvelle les grands rêves cosmiques qui attachent l'homme aux éléments, au feu, à l'eau, à l'air céleste, à la prodigieuse matérialité des substances terrestres. (Bachelard, le droit de rêver p.38)
"C'est l'art qui nous libère de la routine littéraire et artistique... Il nous guérit la fatigue sociale de l'âme et rajeunit la perception usagée. (…) Il nous apprend à nous servir de nos sens et de nos âmes comme si rien encore n'en avait dépravé la vigueur ou ruiné la clairvoyance. Il nous apprend à voir et à écouter l'Univers comme si nous en avions seulement maintenant la saine et soudaine révélation. Il ramène sous nos regards la grâce d'une Nature qui s'éveille. Il nous rend les heures enchanteresses du matin primitif ruisselant de créations neuves. Il nous rend pour ainsi dire l'homme émerveillé qui écouta naître les voix dans la Nature, qui assista à l'apparition du firmament et devant qui le Ciel se leva comme un Inconnu. (...) (Roupnel cité par Bachelard dans « l’Intuition de l’instant »)
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